ALLO MAMAN BOBO

Aucun mot, expression, sentiment ou émotion n’existe aujourd’hui dans notre langage pour décrire les ravages de mon existence, la douleur, le désespoir, l’état d’errance, la souffrance et l’aliénation qui me guettent.

J’ai observé, en spectatrice impuissante, ma vie partir en flammes. J’ai vu la couleur de l’enfer. Pas de rouge, pas de jaune, pas de blanc immaculé. Juste du noir. Un noir obscur et pénétrant.

19 mai 1981. Nord de la France.

En un instant, tout a été balayé. Tout a tremblé en moi. Tout s’est éteint.

J’ai quatre ans. Une assistante sociale me dépose sur le perron d’une maison et s’en va.

Nouveau lieu de vie, nouvelle famille, nouveau cauchemar.
Désormais, je côtoie la vie et la mort dans une même journée. Un mauvais rêve qui ne s’arrête jamais. Corvées, humiliations, viols et tortures rythment mon quotidien. Tenir bon. Ne pas craquer. Survivre. Juste survivre et demain recommencer. Une descente aux enfers de sept années dans un monde pervers, chaotique, incertain et imprévisible. Rien de bon ne s’y passe, mais rien ne s’oublie.

Vivre au sein de cette famille a scarifié mon écorce. Elle est entrée au fond de mes entrailles. Elle a martelé, écartelé, brisé mon corps. Asphyxié mon âme. Elle m’a cousu la bouche, cassé les dents, broyé le cœur. Je me suis dissoute, j’ai tangué et chaviré. J’ai lutté, pleuré, hurlé, tremblé.

Évidemment, je ne m’en suis pas sortie indemne et vous, le serez-vous après avoir ouvert ce livre ?

Âmes sensibles, s’abstenir.

Voici mon histoire…

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